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Nous sommes le 16 juillet 2018 lorsque j’écris ces lignes, il est 14h à Mexico. Hier pour une nouvelle fois, la France est championne du monde de football. Bien que je ne sois pas passionné de foot, j’ai évidemment suivi l’équipe de France et assisté à la finale, comme beaucoup de français. Voir son pays uni par une joie commune, recevoir photos et vidéos de ses amis ensembles me rappelle inévitablement que 8000km me séparent des miens. C’est dans ces instants que le fait d’être loin de chez soi s’avère être le plus difficile. L’occasion d’aborder un sujet que j’ai souvent voulu traiter sans jamais vraiment avoir l’opportunité de le faire, le fait de vivre loin de ses proches.
Est-il si difficile de s’arracher à ses racines ?
De nombreux articles et publications circulent sur internet sur le fait de sortir de sa zone de confort. C’est devenu, à raison, un leitmotiv pour beaucoup de monde. Combien de personnes autour de vous rêvent de voyager, de « tout plaquer pour aller vivre à l’étranger » ? Peut-être en rêvez vous, vous même ? Mais en réalité, combien le font ?
En effet, s’arracher à ses racines et partir est un choix très difficile. J’ai par exemple un ami qui, à chaque fois que l’on se retrouve, me raconte ses rêves d’aller s’installer au Canada. Cela doit faire maintenant dix ans que nous nous connaissons, dix ans qu’il rêve de le faire, dix ans qu’il a de bonnes raisons de ne pas le faire. En réalité, nous trouvons toujours de bonnes raisons pour ne pas faire les choses que notre coeur nous implore de faire. C’est un peu comme si notre tête et notre coeur menaient un vif débat sur le fait de rester ou de partir loin de ses proches. Notre tête trouve toujours les arguments qui ont le plus d’impact sur nous… tandis que notre coeur quant à lui n’a pas vraiment d’argument, pas de mots, il parle à travers des émotions que nous sommes habitués à ignorer.
Cela me rappelle cette métaphore de Paolo Coelho que j’aime beaucoup à propos de l’éléphant de cirque. Dès son plus jeune âge, l’éléphant de cirque est attaché à un arbre. Chacun de ses efforts pour se défaire de ses chaînes se soldent par un échec. Tant et si bien qu’il assimile l’idée que l’arbre est plus fort que lui. Dès lors, il n’essaiera plus jamais de s’en détacher. Pourtant, une fois devenu grand, il lui suffirait d’un simple petit pas pour arracher ses entraves et l’arbre qui le maintiennent sur place. Nous sommes un peu comme cet éléphant, finalement. Un seul petit pas suffit pour se défaire de ses racines et avancer vers de nouveaux horizons.
Loin de ses proches, près de ses rêves
Oui mais voilà, une fois qu’on est parti.e, qu’on s’envole, les occasions ne manquent pas de se sentir isolé.e, esseulé.e. Dans les moments comme aujourd’hui, où toute la France est mobilisée pour célébrer la victoire des bleus alors qu’on est si loin des siens, on se demande vraiment si ces sacrifices en valent la peine. Que les expatriés qui me liront m’en soient témoins, loin de ses proches il est essentiel de ne pas perdre de vue les raisons pour lesquelles nous avons choisi de nous émanciper.
Peut être avez-vous choisi de partir pour aller chercher une amélioration, pour suivre une intuition, un rêve, pour trouver une qualité de vie meilleure et plus sereine, pour vous détacher de relations toxiques… Peu importe quelles sont ces raisons qui sont les vôtres, elles doivent rester présentes à votre esprit. Personnellement, je suis parti pour chercher une amélioration de qualité de vie pour ma famille. Depuis lors, il est indéniable que cette amélioration a effectivement eu lieu ; autant pour moi que pour ma famille, au niveau personnel comme matériel. J’aime à penser qu’ils sont fiers de moi et de ce que nous avons pu accomplir ensemble depuis mon premier départ.
C’était une décision difficile. Laisser ma mère seule, m’éloigner de mon père, de mes frères, de ceux qui ont toujours été à mes côtés au quotidien, a été l’une des décisions les plus dures auxquelles j’ai été confronté. Il est clair que la route est parsemée d’embuches et d’obstacles à franchir. Si vous décidez de partir, sachez alors que les occasions de vous sentir seul.e ne vous manqueront pas. Et n’allons pas nous méprendre, le fait que cette éloignement ait été volontaire ne réconforte qu’à moitié. La famille manque, les amis manquent, mais voilà, comme le dit un de mes plus grands amis, « il n’y a qu’au aventuriers qu’ils arrivent des aventures ».
Le jour où vivre devient une aventure passionnante
Une chose est sûre, le fait de partir loin de ses proches apporte son lot d’aventures, de découvertes, de nouvelles expériences et de rencontres. En somme, partir est un enrichissement humain incommensurable qui s’offre à qui franchi le cap mais qui ne saurait, par définition, être accessible à ceux qui restent.
Seul.e face à ces aventures, charge à vous de trouver des solutions à chaque situation que vous pourriez rencontrer. Et finalement, il me semble que c’est là toute la beauté dans le fait de partir. C’est cela qui permet de s’élever, de gagner de l’expérience concrète. On apprend à être seul.e avec soi même, avec ses pensées. On apprend, parfois, à laisser ces dernières s’en aller pour laisser une chance à de nouvelles de s’insinuer en nous. En apprenant à être seul.e, on apprend aussi à s’ouvrir aux autres, à leurs langues, à leurs cultures… parfois par choix, souvent par nécessité. Et c’est tant mieux.
D’ailleurs, comme le dit Joseph Roux, poète et homme d’église français, « la solitude vivifie, l’isolement tue« . C’est pourquoi, bien qu’il soit essentiel d’apprendre à être seul.e avec soi même, il ne faut pas s’isoler pour autant. En ayant appris de nouvelles langues et cultures, votre aventure se multiplie. Par le biais des nouvelles rencontres que la vie mettra sur votre chemin, vous apprendrez toujours plus. Quant à moi, j’ai eu la chance de faire des rencontres formidables qui m’ont permis de voir la vie sous de nouvelles perspectives, d’éprouver des émotions intenses et de connaître un amour sans borne… j’ai rencontré la femme avec laquelle je me suis marié !
Pour terminer et pour en revenir à l’origine de cette publication, il y a quelques jours les bleus nous ont montré l’importance d’aller jusqu’au bout de ses rêves. Voilà un bel exemple à suivre. Même si c’est difficile, n’oublions pas que pour avoir ce que nous n’avons jamais eu, il nous faut faire ce que nous n’avons jamais fait. Parce qu’en définitive, il me semble qu’il est important de faire sa vie, de vivre pour soi. Personne ne le fera pour nous. J’ai même parfois l’impression que vivre loin de ses proches, c’est d’une certaine manière se rapprocher d’eux. Partir nous donne l’occasion de partager davantage avec eux. Dans certains cas même, partir, c’est leur donner la chance de vivre leurs rêves à travers nous. C’est pourquoi, après cette publication un peu particulière qui, je l’espère, vous aura apporté des éléments de réflexion, je vous laisse sur une citation tout aussi particulière, celle de mon père.
«Garde les souvenirs que l’on a ensemble dans un coin de ton coeur et ressort les de temps en temps quand tu en as besoin.»
Mon papa
Amitiés,
Romain
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Photo by Andrew Neel on Unsplash
Sources :
La métaphore de l’éléphant provient du livre de Paulo Coelho intitulé « Maktub »