La détermination et l'émancipation sont deux facteurs essentiels, indispensables, pour sortir s'élever dans la société. C'est sont des leviers qui permettent de briser les paradigmes et changer son étoile. Mais tout aussi déterminé que l'on puisse être, d'autres choses entrent en considération. C'est le cas de l'image, celle que l'on renvoie aux autres, l'image que l'on a de soi. Parce qu'en dépit du fameux dicton "l'habit ne fait pas le moine", j'ai été témoin à de nombreuses reprises que c'est faux, archi faux !

L’habit ne fait pas le moine ? Voyez vous cela…

Qu’on le veuille ou pas, il y a une manière de s’habiller, de s’exprimer, de se mouvoir, qui en dit long sur nous et sur d’où nous venons. En clair, si l’on vient de la banlieue, il y a de grandes chances pour que ce soit marqué sur notre front. Autrement dit, nous sommes le résultat de nombreuses influences, et celles de la banlieue sont sûrement les plus stigmatisantes. Je ne cherche pas ici à généraliser, encore moins à critiquer, mais j’ai moi même trop longtemps été victime de mes propres limitations.

Je me souviens que lorsque j’arrivais en soirée, les jeunes bobos parisiens rangeaient leurs téléphones, changeaient de chaise. Lorsque nous nous asseyons à côté d’une dame dans le RER, elle changeait de place. Je n’irai pas jusqu’à dire que c’était systématique, mais presque. Avec mes amis, nous nous faisions toujours recaler à l’entrée des boîtes de nuit (ça c’était systématique par contre). Tout un ensemble d’infimes détails qui, mis bout à bout, blessent, frustrent, enragent. Pourtant, nous étions convaincus que c’était de la faute des autres, qu’ils étaient fermés, racistes et que les victimes dans l’histoire, c’était nous. En fait, à aucun moment nous ne nous sommes regardés dans le blanc des yeux en nous demandant ce que nous pouvions faire de travers. Ce n’était pas nous, c’était les autres.

« Si tu es souvent seul avec tes problèmes, c’est parce que souvent le problème c’est toi »

Orelsan

En réalité, nous sommes tous jugés et jugeons les autres selon leurs apparences, l’image qu’ils renvoient et l’impression qu’ils donnent. Parce qu’au même titre que nous étions grimés par les comiques et leurs « yo yo ziva ça va ? » (l’archétype cliché du mec de banlieue), nous nous moquions avec mépris de ceux qui s’exprimaient « trop bien », qui « se la racontaient ». Accepter le fait que nous jugeons et sommes jugés en permanence est le seul moyen d’aller de l’avant. Pour moi, il est nécessaire de prendre du recul sur sa manière d’être, sur soi, afin de se voir sans filtre, de se libérer de ses habitudes néfastes ou d’au moins prendre conscience de nos agissements machinaux tels que les tics de langage par exemple. C’est humain après tout, personne n’est à blâmer. Plutôt que de blâmer les autres, ou pire se blâmer soi même, ce que l’on peut faire c’est soigner l’impression qu’on laisse autour de soi.

Faire bonne impression

Après la fac, je m’étais trouvé un job de vendeur de costume pour l’enseigne Bruce Field. Je travaillais dans la boutique dédiée aux hommes de la Madeleine qui a fermé depuis mais où la clientèle était principalement des médecins, des avocats. La plupart me prenaient de haut, moi petit vendeur que j’était, et j’avais en horreur de me baisser à leur pied pour marquer l’ourlet de leur pantalon. Et puis un jour, un pote m’a offert la copie d’une montre Tag Heuer qu’il avait acheté en Thaïlande. De la cacaille en ferraille très fidèle à l’originale en apparence. Tant et si bien que lorsque je la portais et que je servais l’un de ces grossiers personnages, leur ton changeait lorsqu’ils l’apercevaient. Leur voix s’adoucissait, ils étaient plus respectueux, changeaient même de vocabulaire et me posait des questions, me racontaient leur vie. C’était incroyable ! Tant et si bien que je la portais tous les jours, alors même qu’elle me donnait de l’eczéma. Une fois, un client m’a concédé qu’il rêvait de s’acheter cette montre mais qu’elle était trop chère pour lui… je lui ai répondu « vous savez monsieur, « cher » est une notion toute relative ». C’était ma petite vengeance personnelle sur tous ceux qui s’étaient montrés hautains (ouais, je suis un gamin).

Difficile de croire qu’une simple montre puisse à ce point changer le regard des gens, et pourtant. Peut-être avez vous entendu parler de la règle des 4×20 ? C’est l’une des toutes premières théorie de vente que l’on apprend dans les écoles de commerce. Elle synthétise en quatre temps l’opportunité que vous avez de laisser une bonne première impression. Il s’agit des :

  • 20 premiers mètres : votre manière de marcher, votre attitude ;
  • 20 centimètres : votre regard, les expressions de votre visage ;
  • 20 premiers mots : votre ton, les mots que vous employez ;
  • 20 premières secondes : ce que ressent votre interlocuteur, comment il se sent en votre présence.

Et bien voilà, nous y sommes. J’étais tenu de bien m’habiller, dans une boutique de costume comment ne pas l’être. J’étais tenu d’être souriant, cordial, en bon vendeur. Bien entendu, je m’exprimais du mieux que je le pouvais, il n’aurait pas fallu donner mauvaise image à l’enseigne. Et la cerise sur le gâteau, cette fameuse fausse montre qui était aperçue dans les 20 premières secondes, voire les 0 premier centième de seconde.

Pour moi, il est important de s’entrainer à faire bonne impression. Tant pis pour le qu’en dira-t-on. Et si votre entourage se moque de vous et de votre manière de vous habiller, si on vous reprocher de vous « la raconter », tant mieux ! C’est que vous marquez déjà la différence. Après tout, si ces personnes toxiques veulent vous retenir en bas de l’échelle sociale, pardonnez moi l’expression mais c’est mieux qu’elles restent dans la merde. Vous voulez allez de l’avant, alors entraînez vous à aller de l’avant. On ne s’improvise pas une manière de s’habiller, de s’exprimer.

Faire bonne impression, ça se travaille. Pour s’entrainer, un bon exercice est de commencer par voir des films, des pièces de théâtre, des séries. D’ailleurs, les personnages de série nous inspirent et ont une influence sur nous que nous ne soupçonnons pas toujours. Après un bon entraînement, qui sait, peut être allez vous inspirer ceux qui vous entourent à faire cet effort eux aussi. Le chemin vers le leadership est long, mais inspirer ceux qui nous entourent est la plus belle des récompenses. Une chose est sûre, en faisant ce travail sur vous même, vous serez plus à même de transformer les injustices sociales en opportunités qui vous serviront sur le chemin de la vie.

Les injustices sont des opportunités

C’est peut être triste à dire, mais c’est comme ça. Plus nous soignons l’impression que nous donnons, moins nous avons de problèmes. Encore une fois, on peut se plaindre, dire que le monde est injuste, que ça ne devrait pas être comme ça, qu’on ne devrait pas être jugé sur son apparence, etc. Ce serait vrai, mais … et alors ? Est-ce que ça va changer les choses ? Certainement pas.

Un jour, j’allais à un entretien pour une école. Je m’étais bien habillé, j’étais soigné comme jamais. Mais bon, comme d’habitude, j’avais sauté les tourniquets du métro. Alors je me suis fait arrêté, je n’avais pas vu les contrôleurs. Quelques palabres plus tard, je m’en suis tiré avec une remontrance. Le lendemain, et je vous jure que c’est vrai, j’allais voir des potes et j’ai sauté le même tourniquet, me suis fait arrêté par le même contrôleur. Mais cette fois ci, j’étais habillé comme d’habitude. Pour l’époque, c’était en baggy, tee shirt long et casquette (voir le dessins ci-dessus). Et bien cette fois ci, la remontrance était accompagnée d’une jolie amende. Injuste, n’est ce pas ? Depuis, lorsque je savais que j’allais frauder les transports, j’étais toujours une chemise et une cravate et avais toujours « oublié mon pass navigo au bureau« . Je n’ai presque plus jamais eu d’amendes.

Ce que je veux dire par là, c’est qu’il faut tirer des avantages des injustices de la société. Ok il faut être bien habillé pour que ça passe mieux, alors habillons nous bien ! Quoi, il faut avoir une cravate pour que les flics me vouvoient dans la rue, alors je mettrai une cravate ! Si une cravate peut m’épargner les coups de tonfa, à quoi bon insister ? Pour « la liberté » ? Pour « la fraternité » ? Pour « l’égalité » ? Oui… la liberté, l’égalité et la fraternité… à condition de faire bonne impression ! Sans vouloir faire la victime, c’est à cause du fait que jamais personne ne nous ait appris à faire bonne impression que les portes se referment sur nous. Pour aller de l’avant, il est essentiel de s’en libérer et de se souvenir qu’on n’a qu’une seule occasion de faire une première bonne impression.

Pour terminer sur ce volet, vous avez raison de le penser, la vie est injuste, c’est sûr. Et oui, c’est une forme de déguisement que de s’habiller en fonction du regard des autres, peut-être. Bien sûr, il y aura toujours des gens pour dire qu’il faut rester soi même. Mais comme la notion de « cher », la notion de « soi » est somme toute relative. Après tout, qui sommes nous sinon celui ou celle que nous renvoie le regard des autres ? En vrai, soyez qui vous voulez, soyez beau, soyez belle, soyez fier, soyez vrai… et soignez votre image ! N’oubliez jamais que l’habit fait le moine. Et vous, avez-vous déjà senti comme on se sent bien quand on s’habille bien ? Avez-vous remarqué un changement dans le regard des gens ?

Amitiés, Romain

Photo by Kahari king on Unsplash

Sources Slate : Nos héros de séries préférés nous rendent-ils meilleurs ?

Romain Maltrud

Entrepreneur, DAF à temps partagé et auteur de la newsletter "okr, bifton &liberté"