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Vous vous êtes forcément déjà retrouvé dans cette situation où vous vous apprêtez à avoir une conversation difficile sur un sujet embarrassant avec une personne avec laquelle vous n’avez pas envie de parler là maintenant. Que ce soit au travail ou dans l’intimité, cette situation est un véritable tord boyaux. On aimerait être loin, très loin, et ne jamais avoir à se lancer dans cette discussion… ça m’est arrivé pour la énième fois récemment.
Mais cette fois ci, et sans aucune raison particulière pour être honnête, j’ai choisi d’embrasser la situation, de m’efforcer d’être ouvert et bienveillant. En d’autres termes, de ne pas me braquer comme d’habitude, comme il est si facile de le faire. Et surprise, ça s’est tellement bien passé que je me suis promis de le faire tout le temps à partir de maintenant ! Le faire tout le temps, ok… mais en fait, comment faire ?
Le courage de lancer
La boule au ventre, celle qui vous tord les boyaux elle est due au stress. Bien sûr ! C’est super stressant de se lancer dans une conversation difficile quand on sait d’avance que ça va être chaud. Comment ne pas stresser en se mettant sciemment dans une position inconfortable, au risque de se prendre au mieux un vent, au pire un mur. Personne n’a envie de ça, et c’est bien pour ça que la plupart du temps les gens préfèrent s’ignorer, rester chacun de son côté, bien confortablement renfermée avec sa rancœur (nous y reviendrons un peu plus loin).
Et puis, au delà du fait de se mettre face à quelqu’un avec qui on n’a pas envie de parler, il faut aussi prendre en compte que se lancer dans ces conversations de fond amèneront forcément des reproches, probablement des critiques, voire même des pleurs… en cas de cris, on ne parle plus de conversation difficile mais de crise absurde. C’est un tout autre sujet. Bref, quoi qu’il en soit à l’aube d’une conversation difficile, il nous faut nous lancer dans l’inconnu de notre plein gré. Et ça, ça fait peur. Ça demande du courage
Alors voilà, je crois que le meilleur moyen pour entamer une discussion difficile, c’est d’y aller franco. Ne pas tergiverser pendant mille ans sur comment aborder le sujet. Que ce soit dans la vie perso ou au boulot, je crois que le mieux c’est de le faire dans un quick meeting. Un peu comme quand vous enlever un pansement, il faut y aller d’un coup, sec, sans pitié. Une fois que les cartes sont posées sur la table, le plus dur est fait. Enfin… voilà, une fois que vous avez mis les deux pieds dans le plat, que vous vous êtes lancée, reste encore à ne pas tout foutre en l’air
« J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur mais la capacité de la vaincre »
Nelson Mandela
Conversation difficile et zone de turbulences
Mettons nous en situation un instant. Vous avez pris votre courage à deux mains et avez lancé le sujet. Les cartes sont donc sur la table bien exposées. Le plus probable, c’est qu’un silence tonitruant accompagne la fin de votre phrase. Comme pour bien marquer l’embarras. Au cas où il n’était pas assez clair. Bon… Et maintenant ?
Il me semble que deux options se présentent. La première, c’est que la personne accepte la discussion sans l’ombre d’une réticence, de la manière la plus fluide qui soit. Auquel cas, on ne peut pas vraiment parler de conversation difficile. C’est plutôt vous qui vous étiez mis en tête qu’elle le serait, petit fou que vous êtes. Dans cette situation, disons que l’échange est transparent, simple, que chacun écoute l’autre tout en étant écouté en retour. #izi.
Ce qui nous intéresse ici, c’est le deuxième cas de figure. Celui dans lequel vous êtes accuilli par une salve de pics. Cet échange qui s’offre à vos oreilles comme les ongles de votre professeur détesté frottent le tableau noir de vos pires cauchemars. Vous qui vous vous apprêtiez à vous mettre à nus, qui espériez sans y croire une discussion simple, vous êtes face à une personne ferme et engagée sur ses positions. Le mur dont on parlait plus haut. Face à cette situation, il me semble qu’il y a quelques règles à garder à l’esprit. Je vous conseille de bien vous en imprégner tant que vous êtes à froid, ça vous évitera de partir en couille vrille quand vous aurez le sang chaud.
Guide pratique pour ne pas partir en vrille
#1 Contrôler ses émotions
Probablement le plus difficile à faire, et les points qui suivent découlent de ce précepte. On a tendance à se braquer et à se mettre sur la défensive, par fierté, par peur. Peur d’avoir tort, peur de se remettre en question, peur… peur… peur… ! Contrôlez vos émotions, la peur n’évite pas le danger.
#2 Penser avant de parler
« Tourne 7 fois ta langue dans ta bouche avant de parler » me disait mon père. Quand j’étais petit, je tournais vraiment ma langue dans ma bouche comme un mongol… Mais maintenant j’ai compris. En effet, il y a trois choses qu’on ne peut pas rattraper : la pierre jetée, la flèche décochée et la parole lancée (entendu en Colombie, j’ai kiffé alors je plagie – ouais !). Pour ne rien dire de blessant et ne pas perdre une bonne occasion de fermer sa gu3*!3, mieux vaut cogiter là dessus avant de parler.
#3 Ecouter l’autre, sans s’impatienter
Je ne sais pas vous, mais quand j’entends un truc qui me soule dans une embrouille, la moutarde me monte au nez et je n’écoute plus rien. Tout ce que je veux, c’est de placer mon contre argument, peu importe si la personne a fini de parler ou pas. Mauvaise idée. Autant ravaler sa salive avec son argument qui n’apportera rien d’autre que de l’huile sur le feu.
#4 Ne pas chercher à blesser
Ça coule de source quand on le lit. Quand on est dans le feu de l’action, peut-être un peu moins. Si on ne tourne pas sa langue et si on n’écoute pas l’autre, on a vite fait de se laisser emporter par son émotion et lancer une bastoss qui ne fera pas avancer la discussion vers la solution. Au contraire.
#5 Vous avez raison, et alors ?
Avec les gens qu’on aime et qu’on estime, l’important n’est pas d’avoir raison, c’est d’aimer. En vrai, pourquoi se lancer dans une lutte pour savoir qui a raison ou qui a tort ? À la fin de la journée, à la fin de la vie, on s’en fout, non ?
Relax, Max
Il peut arriver que les conversations difficiles restent difficiles et n’aboutissent à rien, voire même que la situation s’envenime. Bon. Ca arrive. D’ailleurs, vous connaissez sûrement des gens qui ne se parlent plus depuis des années. Peut-être vous même ne parlez plus à quelqu’un depuis longtemps. En soi, ce n’est pas grave parce qu’il faut s’éloigner des relations toxiques qui vous rongent le cerveau. Je vous invite d’ailleurs à lire l’article à ce sujet : La nécessité de se détacher des relations toxiques pour évoluer.
Et puis, ne plus se parler ne veut pas dire s’oublier. A l’inverse, peut être avez vous des personnes dans votre entourage à qui vous ne parlez presque jamais mais quand vous vous retrouvez c’est comme si vous vous étiez quittés la veille ! Tout ça pour dire que ne plus se parler n’est pas la fin du monde. C’est parfois un mal nécessaire, un mal pour un bien. N’ayez aucun regret donc à couper les ponts si, malgré vos efforts, la situation ne s’arrangent pas.
En effet, le pire qui puisse arriver, c’est que vous vous bouffiez le coeur et l’esprit à cause de cette situation. Quand vous gardez pour vous de rancoeurs parce que vous n’avez pas eu le courage d’affronter une conversation difficile et avez préféré fuir. A mon humble avis, mieux vaut se lancer dans une conversation difficile quitte à ce que ça échoue plutôt que de ne rien faire. Dans le premier cas, vous avez fait votre part, comme le colibri de Pierre Rabhi Peut-être même que vous aurez l’occasion, plus tard, de transformer cet échec en opportunité. Tandis que dans l’autre cas, vous restez avec un cancer mental, peut-être même un sentiment de culpabilité. Mieux vaut donc se libérer l’esprit, faire de son mieux et si ça ne fonctionne pas : lâcher l’affaire. D’autre diront qu’il faut « lâcher prise ». Après tout, qu’y a t il de si important qui mérite qu’on s’use la santé ? Sûrement pas grand chose.
« La vie est un beau train, avec de sales wagons, et la chance vagabonde. »
Oxmo Puccino
Avec le recul de mes dernières conversation difficiles, il me semble que l’un des plaisirs de la vie réside dans ces échanges, dans ces conversations qui permettent d’aller plus loin, de s’élever, de mieux connaître l’autre et d’apprendre à se connaître à travers lui/elle. En soi, c’est une manière de forger son esprit critique aussi. La vie est souvent comparée à un train, avec des gens qui montent, d’autres qui descendent. J’aime cette métaphore, j’aime l’idée que les relations nous apportent ce qu’elles ont à nous apporter en échange de notre propre apport à l’autre. Pour votre prochaine conversation difficile, peut être pourriez vous garder cela en tête et faire de votre mieux pour que cette discussion vous apporte autant qu’elle apportera à l’autre personne. Qu’elle en soit consciente ou pas d’ailleurs… Et si toutefois vous voudriez qu’elle prenne conscience de l’importance de vos échanges bien que tumultueux, je vous invite à lui envoyer cette publication.
Amitiés,
Romain
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Photo de Priscilla Du Preez 🇨🇦 sur Unsplash