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Il y a un an à peine, je faisais mes tous premiers pas en tant que directeur financier, mes valises pour New York et préparais mon installation à Mexico. Je n’avais jamais occupé de poste lié à la finances auparavant ni n'avait vécu dans un pays en voie de développement. Alors naturellement, j’étais persuadé que le plus difficile dans tout cela serait de m’approprier de nouvelles connaissances et de m’adapter à un mode de vie nouveau. À ma grande surprise cependant, force a été de constater que j’avais tort. Le plus difficile a été d’être parachuté à la tête d’une équipe, de manager les gens, leurs envies, leurs aspirations, leurs peurs et leurs frustrations… en somme, d’être manager pour la première fois.

S’approprier la vision de l’entreprise

 

Indépendamment de sa taille ou de son implémentation, chaque entreprise a ses valeurs, ses règles, ses codes et ses moeurs. Être manager dans une entreprise comme Total n’a rien à voir avec le fait d’être manager chez Google, et ce n’est pas la même chose qu’être manager chez Orchid Creation. L’ensemble de ces règles constitue la vision de l’entreprise. La vision qu’elle a du monde tout comme celle qu’elle a d’elle même, en tant qu’organisation. D’une manière générale, elles sont intimement liées – ou devraient l’être – avec celle du ou des fondateurs de l’entreprise.

 

Les managers de l’entreprise sont des représentant de premier plan de cette vision d’entreprise, ou doivent à minima aspirer à le devenir. Ils ont la charge d’organiser le travail de leurs collaborateurs à travers le prisme de la vision de l’entreprise. C’est bien pour cela que travailler chez Lidl peut s’apparenter à de l’esclavagisme, tandis que travailler chez Google est selon le mythe un paradis sur terre – bien que la réalité semble plus nuancée. C’est pourquoi il me semble primordial qu’en premier lieu les managers s’approprient la vision de l’entreprise qui les engage. Ou qu’à défaut de parvenir à le faire, ils voguent vers une entreprise qui partage leurs valeurs intrinsèques.

 

Toutefois, certains managers, forts de leurs expériences passées ou tout simplement de la force de leur ego, outrepassent cette étape et tente d’imposer leur propre vision. C’est un grand danger autant pour l’entreprise que pour l’homme ou la femme qui se cache derrière le manager. En effet, en voulant imposer ses propres règles dans un système déjà bien établi, le risque de s’enfermer et de se retrouver complètement isolé est grand. Cet isolement peut avoir des répercutions désastreuses, tant en termes de performance des équipes qu’en termes humains. D’ailleurs, selon Eric Delavallée, les styles de management sont différenciés selon deux axes : l’importance qui est accordée aux tâches à réaliser et l’importance qui est attachée aux relations humaines. Pour ne pas exploser en vol, il me semble essentiel de commencer par faire profil bas, de réinitialiser ce que l’on croit savoir et de trouver la bonne balance entre ces deux axes.

 

 

Manager humble pour ne pas exploser en vol

 

J’ai la chance d’évoluer dans une entreprise en parfaite adéquation avec mes valeurs personnelles. Tant et si bien qu’il ne m’a pas été difficile de m’approprier la vision de l’entreprise. A fortiori, je participe même à la transformer en actions concrètes à travers les outils de gestion que je développe. Dans certains cas cependant, les managers ne partagent pas cette vision d’entreprise de prime abord. J’ai assisté à cette situation et vous assure qu’elle peut très vite avoir des répercussions gravissimes, tant pour le manager que pour l’entreprise.

 

Il y a en effet une période de temps incompressible nécessaire à l’appropriation de la vision de l’entreprise. Je vous disais que je me sentais en adéquation avec les valeurs de l’entreprise, mais pourtant j’ignorais tout de son organisation lorsque je suis arrivé. Et concrètement, l’organisation était alors très différente de ce que j’avais connu jusqu’alors. Il m’a fallu une bonne année pour réellement m’approprier la manière de fonctionner, voire la philosophie de l’entreprise. Aucune inquiétude donc si vous vous sentez un peu perdu.e en arrivant, c’est tout à fait normal. Le pire que vous puissiez faire serait de camper sur vos positions, vos connaissances, qui ne sont peut être pas adaptées, et de chercher à les imposer autour de vous.

 

Prenez donc le temps de prendre vos marques, de parler à vos équipes, de recueillir leurs impressions et de vous fondre dans l’organisation. Il me semble que c’est le meilleur moyen de ne pas commencer par s’isoler. L’isolement des managers est en effet une tare pour les entreprise et il est de votre ressort de ne pas vous mettre dans cette situation. Cela commence par l’humilité, essentiellement, et par la patience. Une fois que vous aurez pris vos marques et que vous vous serez approprié la vision, les valeurs, de l’entreprise, vous pourrez passer à la vitesse supérieure.

 

 

Passer à la vitesse supérieure

 

Après avoir pris le temps de palper l’ambiance, de connaître les personnalités qui constituent vos équipes et de vous imprégner de la vision de l’entreprise, vous avez des cartes en main pour passer à la vitesse supérieure et proposer des axes d’amélioration concrets et coordonnés. C’est le moment de mettre à profit vos compétences, là où les valeurs de l’entreprise et les vôtres se rejoignent.

 

Dans mon cas par exemple, il m’aura fallu un peu moins d’un an pour réellement appréhender tous les aspects de l’entreprise. J’étais alors en mesure de proposer des actions concrètes pour améliorer les performances de l’organisation. Par exemple, après m’être rendu compte qu’en dépit de ses performances commerciales exceptionnelles, Orchid Creation devait optimiser la gestion de ses flux de trésorerie au niveau mondial. En effet, nous nous étions développé à travers le monde mais nous ne disposions pas d’une vue actualisée et consolidée de l’état de la trésorerie. J’ai donc développé les outils de reporting de chaque filiales, formé les équipes pour qu’ils soient actualisés en temps réels, et construit une vue consolidée du groupe. Aujourd’hui encore, j’ai un Quick Meeting hebdomadaire avec chacune des filiales pour m’assurer que les données sont bien actualisées. Ce sont ces échanges et ces actions qui donneront tout son sens à votre travail de management.

 

Devenir manager est un virage dans la vie d’une personne, en tout cas ça l’a été pour moi. Cela implique une profonde remise en question de soi, de ses connaissances et de son ego. Il faut savoir faire preuve d’humilité et d’ouverture afin de s’approprier les valeurs de l’entreprise et de conjuguer avec les personnalités de chacun. Trouver le juste équilibre entre l’importance que l’on donne aux tâches à accomplir et aux relations humaines pour passer à la vitesse supérieure dans les conditions optimales est quelque chose qui se sent, qui se ressent. Il me semble que rien ne nous prépare réellement au management, à part le fait d’être manager. C’est un peu comme notre premier saut dans le grand bain, sans bouée : excitant, flippant, émouvant… libératoire ! J’espère que cette publication vous apportera des pistes de réflexion ou des débuts de réponse. N’hésitez pas à me faire part de vos remarques.Vous qui êtes manager ou qui aspirez à le devenir, pensez-vous être ou avoir été suffisamment préparé.e ? Comment avez-vous vécu vos débuts en tant que manager ?


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Sources :

https://www.cairn.info/revue-l-expansion-management-review-2006-4-page-12.htm

https://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/management/travailler-chez-google-n-a-pas-que-des-avantages_1721795.html

Romain Maltrud

Entrepreneur, DAF à temps partagé et auteur de la newsletter "okr, bifton &liberté"

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