Dans cet univers impitoyable de la productivité, nous assistons à des excès. D'une part ces excès sont individuels, certains vont jusqu'à se droguer en mettant leur santé en péril au profit d'une plus grande productivité. D'autre part ils sont organisationnels, menant à des paroxysmes insoutenables comme ce fut le cas chez LIDL où un salarié a mis fin à ses jours sur son lieu de travail. La recherche de la productivité devrait toujours être soutenue par la recherche du bien être des salariés. En effet, nous sommes plus productifs quand nous sommes plus heureux. Voici quelques pistes de réflexion pour passer d'un extrême à l'autre et pour que productivité ne rime plus avec mortalité.
Travailler plus, pour gagner … plus ? Vraiment ?
L’injonction « travailler plus pour gagner plus » est à mon sens un horrible raccourci démagogique. En travaillant plus, nous pouvons imaginer gagner plus… Mais plus de quoi ? Plus d’argent ? Sans doute. Plus de vie ? Certainement pas ! C’est comme si l’argent était une finalité en soi, comme si le fait de mettre sa vie de côté au profit de son compte bancaire était une norme à suivre. La question maintenant est, avez-vous déjà vu un coffre fort à l’arrière d’un corbillard ? Pas moi.
Cependant, n’allons pas nous mentir. Bien que l’argent ne fasse pas le bonheur, il y contribue largement. Une étude a même démontré qu’en gagnant moins de 4900€ net par mois une personne est si tourmentée par ses soucis financiers que son accès au bonheur est en parti compromis. En revanche, gagner plus que cette somme ne garanti pas un bonheur proportionnel. En d’autres termes, les scientifiques qui ont mené l’étude ont conclu qu’en gagnant 4900€ par mois on a toutes les cartes financières en main pour être heureux. J’ai tendance à penser que le bonheur est en nous, peu importe l’argent, mais je comprends la logique. Evitons donc les raccourcis utopistes : l’argent est une nécessité.
Mais plutôt que travailler plus pour gagner plus, je propose d’augmenter sa productivité pour travailler moins et gagner plus. Après tout c’est la production qui génère de la plus value, pas forcément le travail. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’équation n’est pas impossible à résoudre. Vous en doutiez ?
Biorythme de la productivité
On ne peut pas être productifs à tout instant, il faut s’enlever cette idée de la tête. Produire, c’est un peu comme faire du sport : il y a des jours avec et des jours sans. On ne peut pas être toujours au meilleur de sa productivité et produire toujours avec la même efficacité. L’accepter pour les autres c’est déjà un bon premier pas, surtout lorsqu’on manage une équipe. Le plus difficile, c’est de l’accepter pour soi. C’est pourtant essentiel.
En effet, lorsque l’on arrive à se synchroniser avec soi-même, avec son biorythme de productivité, les fenêtres de production sont très efficaces. A l’inverse, quand on se force à produire quelque chose alors qu’on n’est pas du tout en phase, cela se ressent sur la qualité et sur l’efficacité du travail effectué. Quelque chose que vous auriez bouclé en un quart d’heure peut parfois prendre une heure, tout simplement parce que ce n’est pas le bon moment.
Pour reprendre la comparaison avec le sport, il me semble cependant que la productivité peut s’améliorer avec un peu d’entrainement. Encore une fois, le but ici n’est pas de travailler plus mais de produire plus, en moins de temps. Pour une même quantité de travail effectué donc, l’idée est de travailler moins longtemps. Et de profiter du temps gagné pour faire d’autres choses, de vivre un peu plus !
Se laisser porter par ses inspirations
Vous connaissez très probablement les fameuses « todo list » ; mais connaissez-vous les LOOP ? LOOP, pour List Of Open Point, c’est un peu comme une todo list, mais en plus smooth. Je m’explique. Il s’agit d’une liste de sujets ou de thèmes à traiter. La grande différence c’est que vous ne mettez pas les taches qui prennent moins de dix minutes à réaliser. Concrètement, LOOP et procrastination ne font pas bon ménage. Si une tâche prends moins de dix minutes, faites la tout de suite ! Vous en serez débarrassé.e et n’aurez plus à y penser. La belle affaire.
L’intérêt de la LOOP pour la productivité est simple. Vous avez donc ces sujets dans votre loop que vous survolez quand vous avez fini ce que vous faisiez. Vous traitez celui qui vous inspire sur l’instant. Par exemple pour mon blog, j’ai une liste de sujets et thèmes que j’aimerais traiter. J’écris sur le sujet qui m’inspire le plus au moment où j’ai envie d’écrire. Vous n’imaginez pas à quel point cette simple sélection démultiplie la capacité à produire un contenu (que j’espère) de qualité en un laps de temps moindre.
Oui mais vous me direz qu’on ne fait pas toujours ce qu’on veut. Et en effet, on a parfois des échéances à respecter pour des travaux qui ne nous inspirent pas du tout… Quand c’est comme ça, concrètement, il n’y a pas de secret. Il faut appliquer la méthode GTD : « Get Things Done ».
Méthode GTD : la productivité, sans pitié
Les conditions de la sérendipité
Rien de pire que d’avoir un travail à terminer quand nous n’avons aucune envie de le faire, que ce travail ne nous inspire absolument aucune espèce d’inspiration. Dans cette situation, un travail qui aurait pu se faire en un quart d’heure va parfois nous mobiliser pendant plusieurs heures : la faute au manque d’inspiration, d’envie… la faute à la flemme ! Disons qu’il faut mettre en face des grands maux, les grands remèdes.
Nous ne sommes pas tous égaux face aux processus de productivité. Cependant, chacun devrait se connaître et savoir quelles sont ses conditions de productivité maximales. Certains auront besoin de silence, d’autres de musique. Certains préfèreront écrire, d’autres dactylographier. Bref, il appartient à chacun.e de se mettre dans les conditions les plus favorables. Et une fois que c’est fait, avancer.
Just do it
Courir quatre kilomètres en ligne droite demande de trouver en soi la détermination et une motivation sans faille…. Lorsqu’on commence, on ne voit même pas la ligne d’arrivée ! En revanche, faire dix tours d’un stade de foot en se motivant pour faire un tour de plus à chaque fois est plus facilement réalisable. Dans le travail, c’est pareil. Lorsque vous avez une charge de travail importante, mieux vaut la répartir en plusieurs petites étapes et se fixer des objectifs atteignables rapidement. Au final, les petits ruisseaux forment les grandes rivières.
Une règle immuable cependant, si vous travaillez en open space : isolez-vous. En effet, selon le spécialiste des sciences cognitives Gaëtan De Lavilléon, « dans un open space mal pensé ou mal utilisé, votre charge mentale sera plus forte et votre travail moins efficient« . Et à raison ! Il est impossible d’être productif tout en étant constamment interrompu, cela paraît évident.
En suivant la même logique, déconnectez-vous le temps de la réalisation de votre objectif. Par exemple, quand je veux avancer sur un tableau de bord, je me déconnecte de Slack et de mes mails jusqu’à ce que j’ai assez avancé pour avoir une première version exploitable ; quitte à revenir dessus et à l’améliorer par itérations.
En effet, il est primordial de se couper de toute distraction qui pourrait nuire à la concentration, et de fait à la productivité. D’une manière générale, vous remarquerez que ce n’est pas parce que vos réponses ne sont pas instantanées que vos collaborateurs sont bloqués. Et puis pour rappel, tenter à tout prix de répondre présent partout, tout le temps, c’est ouvrir la porte au burnout !
En espérant que ces quelques réflexions vous aideront à vous offrir le luxe d’être plus productif tout en travaillant moins, je suis très curieux de connaître vos techniques et/ou vos critiques quant à ces méthodes.
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Photo by Andre Benz on Unsplash
Sources :
UsineNouvelle.com : Interview du spécialiste des sciences cognitives Gaëtan de Lavilléon
HuffingtonPost.fr : Être heureux au travail
LeFigaro.fr : L’agent fait le bonheur jusqu’à 4900 euros par mois